Une lutte continuelle se poursuit en dehors du terrain de football, dont beaucoup ne sont pas conscients. C’est la lutte contre l’écart salarial béant, entre les deux sexes, dans l’industrie du football.
La disparité salariale dans l’industrie du football
Selon les données publiées en 2018 par la Fédération internationale des footballeurs professionnels, 49 % des joueuses professionnelles de football ne reçoivent pas de salaire, alors même que l’industrie génère plus de 500 milliards de dollars chaque année. De plus, environ 87 % des joueuses termineront leur carrière avant l’âge de 25 ans en raison de la faiblesse ou de l’absence de rémunération.
En effet, la disparité salariale atteint de très hauts niveaux. Lionel Messi touche 130 millions d’euros par an alors que Ada Hegerberg, lauréate du premier Ballon d’Or féminin, reçoit 400 000 euros par an, soit 325 fois de moins.
« Les femmes continuent d’être considérées comme des citoyens de seconde zone, et ce n’est pas seulement pour l’argent. Le football féminin reçoit ce qui reste de toutes les équipes masculines, de sorte qu’elles ne disposent pas du matériel, du soutien ou de la représentation nécessaires au sein de l’écosystème sportif. »
Marion Reimers, journaliste sportive.
Mais la situation ne date pas d’aujourd’hui. En 2012, le Santos Football Club du Brésil a supprimé sa branche féminine, uniquement pour couvrir le salaire de la star masculine Neymar, et retarder la vente du joueur au FC Barcelone. Dans certaines équipes féminines, les sélections ont dû utiliser des maillots d’hommes précédemment portés, et les joueuses ont dû payer leurs propres billets pour les tournois.
Une place sur le terrain
Le football a commencé comme sport masculin en 1863. Le premier match féminin n’a eu lieu que trois décennies plus tard. Mais ce n’est qu’après la Première Guerre Mondiale, que l’essor du football féminin intervient. En effet, lorsque les femmes vont travailler dans les usines, elles profitent de leur temps libre pour jouer au football.
Mais son développement a été interrompu en 1921, lorsque la Fédération anglaise de football a interdit l’utilisation des salles de sport pour les matchs entre femmes. Le football féminin est, par la suite, resté sur la touche pendant près d’un demi-siècle. Ce n’est qu’en 1971 que les Britanniques ont levé l’interdiction, et ce n’est qu’en 1980 que le football féminin a été reconnu par la FIFA. Il a fallu attendre 11 ans pour que le premier tournoi de football féminin soit organisé.
Pour Marion Reimers « cela se produit, car les femmes ne sont représentées dans aucun domaine de cette industrie. Par exemple, 95 % du contenu sportif est dirigé et présenté par des personnalités masculines. Ce sont eux qui disent que le football féminin ne se vend pas, mais le problème est qu’en n’ayant pas de femmes dans cet écosystème, ses membres ne savent pas comment le vendre ni à qui le vendre ».
Si des mesures importantes ont été prises ces dernières années pour progresser vers l’équité, les défenseurs de cette cause affirment que les célébrations d’après-but sont encore loin. Pour éliminer l’écart mondial entre les sexes, il faudrait 108 ans.
Le temps de l’action
La joueuse brésilienne Formiga, du Paris Saint-Germain, a participé à plus de Coupes du monde que n’importe quelle autre femme. À 41 ans, elle profite de cette occasion pour continuer à promouvoir le football féminin.
La joueuse Ada Hegerberg, choisi de ne pas participer et a rejoint la campagne #TimeForAction, pour sensibiliser à la façon dont le manque de représentation féminine affecte tous les domaines de l’industrie du sport.
ONU Femmes a signé un protocole d’accord avec la FIFA pour développer une politique sportive, sensibiliser à l’égalité des sexes et utiliser le football comme un outil d’autonomisation des femmes et des filles. L’idée est d’exploiter le pouvoir du sport le plus populaire du monde, pour aider à combler, et non à illustrer, les écarts entre les sexes dans le monde.